Récits Urbains Extérieurs
J’ai commencé par capturer ce que je connaissais, figer les stigmates de la banlieue, interroger ses cicatrices visibles et invisibles. J’ai traqué l’enfermement, celui des blocs, celui des esprits. Puis, dans la nuit, j’ai écouté le silence, j’ai laissé les ombres me parler, me révéler un monde plus vaste que ce que je croyais percevoir.
Aujourd’hui, je marche dans des rues qui ne sont pas les miennes, et pourtant, elles me racontent des histoires familières. L’image n’est plus seulement une trace, elle devient un dialogue. Les lieux m’accueillent, les récits me guident. Les visages que je photographie ne sont plus des silhouettes isolées dans un décor figé : ils sont les passeurs de mémoire, les porteurs d’un lien intime avec la ville.
Je n’enferme plus, je déplie. Je laisse les regards, les corps et les trajectoires tisser une cartographie nouvelle, où chaque photographie est un point de jonction entre le visible et l’invisible, entre l’espace et l’expérience. C’est dans cette ouverture que réside le vrai mouvement : non pas celui de fuir, mais celui de comprendre et de se laisser traverser.
Filmer, photographier, ce n’est plus seulement témoigner, c’est apprendre à voir autrement, à marcher autrement, à être autrement. Là où je suis, c’est là où je vais.